la "Politique de la Ville" à la radio - le repaire de la grenouille

Une émission intéressante sur France Culture dans "du grain à moudre". Emission que je conseille d'ailleurs sur bien d'autres sujets. http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/index.php?emission_id=110060161
Je possède si vous voulez le podcast.
Alex

émission du mercredi 24 mars 2010
La politique de la ville a-t-elle empêché une dérive à l’américaine ?

Notre politique de la ville a trente ans et même plus ; depuis trois décennies l’Etat actionne sans discontinuer une politique publique spécifique en direction des lieux urbains où sont concentrés ceux qui ont le moins : le moins de revenus, le moins de capital scolaire, le moins d’opportunités de s’en sortir. Avec quels résultats ? On a beaucoup glosé sur le taux d’abstention aux élections régionales qui a été particulièrement remarquable dans les banlieues en difficulté….indice du délitement du lien politique à l’œuvre. Mais était-ce bien étonnant ? Les émeutes de 2005 nous ont déjà alertés sur la réalité que partagent les habitants de ces quartiers dit sensibles : chômage, délinquance, relégation spatiale et entre-soi. A tous ces signaux, on est en droit de se demander si les banlieues françaises ne sont pas en train d’évoluer vers un schéma « à l’américaine ». Le processus de ségrégation est de plus en plus marqué, avec d’un côté des secteurs résidentiels protégés, et de l’autre de véritables « ghettos », où sont concentrés les membres de minorités ethniques - Noirs et Hispaniques là-bas, Noirs et Maghrébins ici. Si cette grille de lecture devient pertinente, si les termes de “ghetto”, “ségrégation raciale”, “minorités ethniques” décrivent mieux notre réalité que “grands ensembles”, “discrimination”, “populations en difficulté”, quelles en sont les conséquences pour notre politique de la ville ? N’est-ce pas la preuve même de son échec ? Bref, quel reflet de nos erreurs ou de nos insuffisances nous renvoie le miroir nord-américain ?

	Invités

Sophie Body-Gendrot. Chercheur au CNRS (Cesdip)
Membre de la CNDS (commission de déontologie sur la sécurité qui examine les problèmes des quartiers et de la police)

Luc Bronner. Journaliste au Monde

Marwan Mohammed. Sociologue. Chargé de recherche, CNRS

les livres

Sophie Body-Gendrot et Catherine Wihtol de Wenden
Sortir des banlieues : pour en finir avec la tyrannie des territoires
Autrement. Collection Acteurs de la société - 6 septembre 2007

Chaque saison est rythmée depuis deux ans par une salve de publications sur les banlieues : décalage des discours, approche sécuritaire, terminologies ghetto et « quartiers », visibilité des insurrections… Alors que le nouveau gouvernement devra agir, cet ouvrage est une proposition politique de deux figures universitaires majeures impliquées de longue date sur ce terrain.
L’histoire des banlieues par Catherine Wihtol de Wenden. La sédentarisation urbaine des populations immigrées depuis le milieu des années 1970 est associée aux questions du chômage, de l’islam, du débat sur l’intégration et aux politiques de lutte contre l’exclusion. Trente ans aussi de moments forts et de crises sur fond de modèle républicain et de débat avec une opinion publique minée par l’insécurité et par l’extrême droite : mobilité bloquée des parents et des enfants, discriminations diverses, splendeurs et misères du mouvement du mouvement beur, débats sur la citoyenneté, la diversité culturelle, les exclusions… Mais aussi légère ascension sociale de ceux qui, fils d’ouvriers, sont devenus des « cols blancs », promotion moyenne mais peu visible grâce à des parcours réussis, enfin de façon dont se voient au quotidien ces « Français comme les autres » dont la difficulté essentielle est que les autres Français ne les considèrent pas comme tels et les enfermements dans un communautarisme plus supposé que réel.
La politique de la ville par Sophie Body-Gendrot. Cette politique, en tâtonnements dans les années 1970, reçoit ses lettres de noblesse avec l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981. Elle s’élabore dans l’urgence au fur et à mesure que les « violences urbaines » marquant la périphérie ouvrière des grandes villes où sont concentrées des familles souffrant du chômage, de l’illettrisme, de désadaptation, de problèmes familiaux, etc. attirent l’attention de l’opinion, par médias interposés. Rénovation du bâti, aide à l’emploi des jeunes, zones franches d’entreprise, zones d’éducation prioritaire, femmes relais : de très nombreux dispositifs publics cherchent à retenir les populations dans des lieux souffrant de stigmatisation. Cette politique cédera le pas à la fin des années 1990 à une politique sécuritaire destinée à rassurer l’électorat des classes moyennes. Mais tout un personnel « politique de la ville » est resté vaillamment dans les quartiers et tente vaille que vaille de fabriquer l’espoir, et de faciliter la mobilité sociale des populations. Chaque contribution est accompagnée de portraits. Les annexes présentent une synthèse objective sur les acteurs, les moyens de la politique de la ville et une bibliographie.

- Présentation de l'éditeur -

Sophie Body-Gendrot
La peur détruira-t-elle la ville ?
Bourin éditeur - mars 2008

La peur détruira-t-elle la ville ?

La peur a toujours accompagné l'histoire des villes. Mais les grandes mutations contemporaines ont renforcé ce sentiment. Depuis le 11 septembre 2001, le principe de précaution s'est imposé dans la plupart des grandes métropoles. Mais la « ghettoïsation » et la répression sont-elles des solutions durables ?

En réalité, nous dit Sophie Body-Gendrot, beaucoup de villes ont déjà pris des mesures bien plus intéressantes. Et elle nous fait faire le tour de la planète pour nous décrire concrètement les solutions qui ont été mises en place à New York, Johannesburg, Shanghai, Londres ou Mexico. Elle nous démontre surtout que, contrairement au discours convenu, les villes ne doivent pas nous faire peur. Elles font plus que jamais preuve de leur immense pouvoir d'adaptation et d'intégration. C'est par elles, et elles seules, que vont se reconstituer des communautés modernes, diverses mais unifiées.
-4ème de couverture-

Luc Bronner
La loi du ghetto : enquête dans les banlieues françaises
Calmann -Levy - mars 2010

Un document passionnant et implacable

Ghetto ? Oui, il faut oser le mot, ce terme qui fait si peur à la République. Parce que, année après année, dans les banlieues des grandes villes françaises, se sont constitués des territoires à part, avec leurs propres lois, leurs langages, leurs hiérarchies, leurs frontières.

Ce livre est une plongée dans les eaux profondes du ghetto français, dans le noyau dur de la crise urbaine. Avec les émeutiers qui jettent des pierres. Dans les patrouilles de police, suréquipées et surexposées. Dans les tribunaux où la loi républicaine tente de s'imposer face à celle du silence. Avec les maires, au front, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Au milieu des enterrements, dans les larmes des affrontements entre « bandes ». Des territoires qui concentrent, absorbent, produisent, comme aucun autre espace, les tensions de la société française : chômage, insécurité, enclavement, immigration et pauvreté. Des territoires où l'État a concentré des moyens policiers et judiciaires exceptionnels pour en reprendre le contrôle. Sans succès. Résultat de quatre années d'enquête, ce livre est un cri d'alarme. Car dissimuler la réalité du gouffre serait pire encore.
-4ème de couverture-

Marwan Mohammed, Laurent Mucchielli
Les bandes de jeunes - Des "blousons noirs" à nos jours
La découverte - Novembre 2007

Dans ce livre, une vingtaine de sociologues, d’ethnologues et d’historiens font le point des connaissances sur ces fameuses bandes de jeunes, depuis l’époque des "blousons noirs" jusqu’à nos jours, en France mais aussi d’autres pays et continents. Ils s’interrogent sur la genèse des bandes, sur leur nature exacte, sur leurs relations avec diverses formes de délinquance, sur la façon dont les institutions travaillent sur ce "problème", ainsi que sur sa construction médiatique et politique.

les liens

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Michel kokoreff, "Du stigmate au ghetto. De la difficulté à nommer les quartiers", Informations sociales 2007/5, n°141, p. 86-95.

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Jacques Donzelot, "La droitisation des plans banlieue", Esprit, mars-avril 2010, p.77-87.